James Lamare. 11 octobre 2019. 14h. Maison de la recherche. Salle D323

« Le projet migratoire des immigrants haïtiens de Saint-Denis: le prix d’une humanité exilée »

Sous la direction de Didier LAPEYRONNIE, Professeur des universités, GEMASS
Co-directeur : Cédric AUDEBERT

Jury composé de :
Beate COLLET
Jean-Christophe MARCEL (rapporteur)
Abdelhafid HAMMOUCHE (rapporteur)

Résumé:
Tout en recourant à la méthode ethnographique, nous étudions, à travers cette thèse, les projets migratoires d’un ensemble d’immigrants haïtiens arrivés en France métropolitaine entre 1991 et 2011, les relations haïtiennes intracommunautaires dans la banlieue de Saint-Denis et les liens matériels et affectifs que nos enquêtés continuent de maintenir avec leur pays originel au-delà de leur double frustration liée à la déqualification professionnelle en France et à la peur de la réinstallation en Haïti. Doublement frustrés, la plupart d’entre eux se dirigent vers des églises protestantes et d’autres associations haïtiennes à Saint-Denis dans le but de pouvoir trouver une réponse à leurs difficultés migratoires. Toutefois, décevant ces derniers, ces églises s’érigent en espaces de résurgence d’oppositions interrégionales moun nan Nò/moun nan Sid (gens du Nord/gens du Sud) issues du pays d’origine. D’autres migrants empruntant par ailleurs le chemin du réseau maçonnique feraient l’expérience de l’unification communautaire. Par contre, au-delà de l’importante contribution du réseau maçonnique à l’unification des immigrants haïtiens, les oppositions interrégionales perdurent encore… Le morcellement communautaire et la régionalisation de l’organisation commerciale des immigrants haïtiens à Saint-Denis nous portent à avancer qu’ils constituent une communauté transnationale, et non une diaspora. L’expérience de l’émigration a fait tomber une représentation paradisiaque de l’ailleurs. Au coeur de leurs tiraillements, de nombreux Haïtiens déqualifiés et frustrés à Saint-Denis décident d’emprunter la voie d’une « re-haïtianisation » incapable de dépasser toutefois les clivages interrégionaux moun nan Nò/moun nan Sid. Notre thèse comporte quatre grandes parties. Elle s’articule autour de quatre grands objectifs. Quatre disciplines majeures (philosophie, sociologie, sociolinguistique et géographie) ont été mobilisées dans la construction de notre argumentation.

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