Séminaire du GEMASS 2014-2015

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Séance du 20 mai 2015 à 17h

Une analyse séquentielle des trajectoires d’enseignants chercheurs (France, 1985-2013) : pour un usage raisonné de l’Optimal matching

Simon PAYE, post-doc, Collège de France
et
Yann RENISIO, doctorant EHESS/UQAM

A partir de données d’une précision et d’une amplitude rares sur les carrières des enseignants-chercheurs français, Simon Paye et Yann Renisio mènent actuellement une analyse de séquences visant à rendre compte des principaux parcours d’emploi au sein du champ académique. Ces analyses font ressortir l’existence de trajectoires mutuellement exclusives dont l’accès est tendanciellement lié aux propriétés sociodémographiques des individus. Dans cette communication, ils reviennent sur les différentes étapes de nos analyses et sur les apports d’un usage raisonné de l’algorithme d’appariement optimal.

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Séance du 8 avril 2015 à 17h

Comment rendre compte des phénomènes socioculturels
interspécifiques (humains / animaux) ? Un modèle interactionniste et évolutionniste

Dominique GUILLO

Directeur de recherche au CNRS, membre du GEMASS

Les recherches sur les cultures et la sociabilité animales ont connu un vif essor et ont été profondément renouvelées en éthologie depuis une cinquantaine d’années. Ces recherches restent actuellement largement ignorées ou rejetées en bloc en sciences sociales. Elles ont toutefois manifestement permis de mettre en évidence des faits importants dans la sociabilité et l’aptitude à la culture chez les animaux. Il n’en reste pas moins qu’elles peinent à rendre compte des relations interspécifiques, en particulier des relations humains / animaux, qui ne sont guère évoquées dans cette littérature. Ce point aveugle fait ressortir une absence : celle d’une conceptualisation approfondie de l’interaction sociale, comme mécanisme pratique générateur de faits psychiques, sociaux et culturels. Dans cette communication, l’objectif est de proposer les jalons d’un modèle explicatif non réductionniste qui tente de concilier les approches évolutionnistes, interactionnistes – et jusqu’à un certain point, pragmatistes. Ce modèle repose sur l’idée suivante : ce qui est central, dans les phénomènes culturels, ce n’est pas l’identité des individus – ou des représentations, des savoirs, des pratiques – d’une « culture » mais les ajustements qui se stabilisent au fil du temps entre leurs actions. Ce qui est essentiel, c’est ce que les individus se font faire les uns aux autres, et non simplement ce qu’ils se transmettent à l’identique en faisant comme les autres – leurs parents, leurs pairs…(l’imitation). De telle manière que deux êtres – on prendra l’exemple des humains et des chiens – peuvent développer des sortes de cultures – dont le contenu reste à préciser – sans avoir aucune disposition, conduite ou représentation en commun.

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Séance du 18 mars 2015 à 17h

Capitalisme et salariat : les enjeux de l’institution du travail

Claude DIDRY

Directeur de recherche au CNRS, membre de l’IDHES

Capitalisme et salariat apparaissent fréquemment comme les deux faces d’un même phénomène social total, envisagé à partir d’une dissolution d’ordres sociaux anciens qui libérerait les forces de la modernité. C’est oublier qu’en France la Révolution ne se réduit pas à l’abolition de l’Ancien Régime et engage l’élaboration d’un Code civil encadrant des rapports de travail selon une architecture qui paraît très éloignée du salariat. Quelle est alors la portée de l’élaboration d’un contrat de travail et de l’adoption d’un Code du travail en 1910 ? Dans une perspective de sociologie historique du droit, l’objectif de l’intervention sera de montrer que le droit du travail contribue à établir le salariat comme rapport entre un travailleur et un employeur. Il définit également le travail comme objet d’un contrat spécifique, comme une activité sociale spécifique. Cet éclairage historique permettra ensuite d’envisager la portée du droit du travail aujourd’hui, en allant au-delà de son instrumentalisation dans le cadre de politiques de l’emploi, pour envisager la dimension constitutive de sa mobilisation par les salariés et leurs représentants dans la vie économique.

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Séance du 11 février 2015

ATTENTION : La séance du 4 février d’abord reportée au 11 février est finalement annulée et reportée à une date ultérieure

Comparaisons et satisfaction salariale

Claudia SENIK

Professeur à Paris-Sorbonne et à l’Ecole d’économie de Paris

 

Séance du 17 décembre 2014 à 17h

La démocratie supranationale est-elle acceptable ?
L’évolution des attitudes à l’égard de l’intégration européenne
entre 1973 et 2013

Cyril JAYET

Maître de conférences à Paris-Sorbonne, membre du GEMASS

Dans la littérature, on suppose le plus souvent que l’Union européenne (UE) est menacée par sa diversité culturelle et ses identités nationales. Ainsi la légitimité politique nécessiterait que l’unité politique coïncide avec l’unité culturelle. Pour
interroger cette affirmation, on examine au moyen de l’enquête Eurobaromètre l’évolution des attitudes à l’égard de l’intégration européenne entre 1973 et 2013 dans quatre pays : l’Allemagne, la France, l’Italie et le Royaume-Uni. Dans un premier temps, les résultats montrent que les années 2000 voient émerger ce que nous qualifions, à la suite de Fligstein, d’«euroclash»: une opposition entre les populations les plus diplômées, majoritairement favorables à la construction européenne, et les moins diplômées dans lesquelles l’ambivalence et les jugements critiques deviennent majoritaires dans les années 2000. Dans un second temps, l’analyse des représentations de l’UE sur la période 2003-2013 révèle que, dans les quatre pays, les questions identitaires jouent toujours un rôle très secondaire comparées aux craintes que l’intégration européenne n’aboutisse à des transferts d’emplois ou une perte de protection sociale. Dans un troisième temps, l’établissement d’un système de protection sociale harmonisé entre les États membres apparaît en 2012 comme l’élément jugé le plus important pour favoriser la construction d’une citoyenneté européenne. Le large soutien rencontré par la construction européenne à ses débuts, la montée seulement récente d’une critique et de craintes d’abord centrées sur les questions économiques et sociales montrent donc qu’il n’y a pas dans ces pays une opposition de principe à une institution politique démocratique qui irait au-delà du cadre national.

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Séance du 26 novembre 2014 à 17h

Behaviorisme et/ou mentalisme ? Le cas de l’éducation canine

Chloé MONDEME

post-doctorante associée au GEMASS

Dans cette communication, Ch. Mondémé propose de revenir rapidement sur les questions qui ont émergé à l’issue de son travail de thèse consacré à la socialité interspécifique entre hommes et chiens, et d’en faire le point de départ de nouvelles interrogations. En s’appuyant sur ses nouveaux terrains de recherche (des stages d’éducation canine) elle s’attachera à mener une enquête conceptuelle et empirique sur les liens entre les attitudes behavioriste et mentaliste – qu’on a pourtant coutume d’opposer vivement – dans l’appréhension du dressage canin. Il semble y avoir une tendance commune à être plutôt naturellement behavioriste quand il est question d’animaux (à défaut de pouvoir statuer sur la « théorie de l’esprit » chez le chien, la précaution nous place d’emblée dans une position qui nous fait l’envisager comme « réagissant » à un « stimulus » plutôt que comme proposant, initiant, s’engageant, sollicitant, etc.) De la même façon, les techniques de dressage et d’apprentissage sont globalement fondées sur le schéma stimulus / réponse, alors même que les acteurs (qu’ils soient éducateurs ou propriétaires) sont souvent les premiers à attribuer des intentions à leur animal. C’est à partir de ce paradoxe a priori trivial que Ch. Mondémé montre la complexité de l’attitude behavioriste en pratique et ce que, pour être efficiente, elle présuppose en fait, de mécanismes cognitifs complexes (attribution d’intentions, compétences inférentielles, facultés de raisonnement). À l’inverse, Ch. Mondémé aimerait montrer que les expériences d’orientation plus « mentalistes » menées en éthologie cognitive ou dans le champ de la cognition sociale, et qui visent à investiguer l’existence de la « théorie de l’esprit » chez les animaux, recourent elles aussi, en raison de leurs protocoles, à des techniques proprement behavioristes (en tous cas centrées sur l’observation du comportement pur et simple) pour construire leurs conclusions.

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Séance du 15 octobre 2014 à 16h

Les adoptions en France du XIXe siècle à nos jours

Jean-François MIGNOT

Docteur en sociologie de l’IEP de Paris. Chercheur associé au
GEMASS

L’adoption existe en droit français depuis le Code civil de 1804. Mais de nos jours, l’adoption a acquis une importance inédite. D’une part, la fréquence des adoptions est plus élevée que jamais : alors qu’au XIXe siècle on comptait chaque année une
centaine d’adoptions, on en compte aujourd’hui environ 15 000. D’autre part, l’adoption se trouve au cœur du débat public et législatif sur plusieurs questions de société. Fallait-il autoriser l’adoption aux couples de même sexe, et quelles en seront les conséquences ? Ne conviendrait-il pas d’aménager l’accouchement
« sous X », dont certaines modalités empêchent les enfants nés dans le secret – et par la suite souvent adoptés – de connaître leurs origines ? Le « statut du beau parent » ne devrait-il pas lui permettre de transmettre son héritage à son bel-enfant, le dispensant ainsi de l’adopter ?
Cette présentation sur les adoptions dans le long terme cherchera à répondre à plusieurs questions. Comment, en France, l’institution juridique de l’adoption a-t elle évolué depuis le XIX e siècle, et comment se sont transformées les pratiques d’adoption ? Pourquoi, jusqu’en 1923, les adoptants ne peuvent-ils adopter que des majeurs ? Pourquoi les adoptions sont-elles de plus en plus fréquentes depuis le début des années 1970 ? Et que reflètent les évolutions de long terme des profils des adoptants et des adoptés ? L’histoire de l’adoption a notamment pour intérêt de révéler des évolutions socio-démographiques et culturelles majeures, ainsi que les changements de sensibilités qui y sont associés : la transformation des conceptions de la famille, d’un lignage destiné à transmettre le nom et l’héritage à un lieu d’épanouissement émotionnel ; la psychologisation du désir d’enfant et des relations parent-enfant ; la quasi-disparition des abandons d’enfant ; et le développement des familles recomposées et des familles homoparentales.

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